Delphine Mossang, Psychanalyste et Praticien en Psychothérapie à Versailles vous propose de vous accompagner dans vos relations d'attachement.
Dans son récent ouvrage, Boris Cyrulnik nous précise que pour qu'un couple dure, il faut passer de "l'amour triomphant", spectaculaire à l'attachement qui se tisse au jour le jour.
Il n'est pas nécessaire d'être psychotique pour parfois délirer. En effet, comme nous le rappelle Boris Cyrulnik, n'est-ce pas fou de tomber subitement amoureux de quelqu'un à qui on n'a jamais parlé ?
Tout se déroule comme si le cerveau dysfonctionnait : ainsi, on ressent une sorte de familiarité avec un individu sans aucun fondement, c'est "le moment pathologique" ou "la folie amoureuse maternelle" telle que décrite par Donald W. Winnicott durant les 100 premiers jours de la vie du tout-petit.
Ce sentiment d'amour serait le réveil d'une trace mnésique lointaine présente dans le cerveau.
La foudre ne tombant jamais par hasard, c'est l'écho d'une familiarité très ancienne (lors du stade préverbal, avant la 3ème année lorsque la mémoire n'est pas encore effective). En ce sens, en psychologie, une différence est faite entre la trace et le souvenir. Ainsi, le sentiment amoureux, s'il est fulgurant, s'établit sur du connu dont nous n'aurions pas la mémoire. Et le fait de voir l'être aimé nous plonge dans un état de bien-être tout comme la mère avec son nouveau-né.
Dans le cerveau, il s'établit une sorte de déflagration : le circuit de la récompense est alors soumis à une hyperstimulation tandis que celui des "zones de punition" s'accompagne d'une extinction. Quant à celui qui est responsable de la critique et de la nuance, il s'éteint.
L'ivresse ressentie est très proche de celle de l'emprise, situation bien connue du nouveau-né et nécessaire pour sa survie car il naît dans un état de vulnérabilité totale. Cette "forme d'emprise du nourrisson" va disparaître vers l'âge de 2 ou 3 ans, durant la période du "non" qui va permettre à l'enfant d'évoluer vers plus d'autonomie et de conscience de lui-même.
L'emprise chez l'adulte, elle ne conduit pas à une prise d'autonomie, bien au contraire.
A ce sujet, Sigmund Freud, jugeait la relation amoureuse comme étant de même nature que la ferveur d'un peuple qui la lie à son "meneur". Ainsi, tout dans l'attitude de celui-ci, sa réthorique et les émotions ressentis par les individus à son contact produisent alors le même court-circuit dans le cerveau que celle que produit une relation amoureuse.
L'amour et l'attachement ne sont pas de même nature.
Ainsi, l'attachement tel que décrit en 1951 par John Bolby évoque la nécessité des liens d'attachement dans le développement de l'enfant pour permettre à ce dernier de se détacher de l'objet d'amour afin de parvenir à son autonomie et à la découverte du monde. En effet, c'est lorsqu'il est stable et serein que cet attachement qui nous sécurise nous permet d'aller explorer le monde extérieur et de s'attacher à d'autres individus.
Or cet attachement se tisse dans l'ombre, comme le rappelle Boris Cyrulnik.
Il existe 4 types d'attachement :
- le "secure" représente environ 70% des individus, il s'agit du plus harmonieux,
- "l'évitant" concerne les carencés affectivement durant la petite enfance, qui peuvent être terrorisés par l'amour et le ressentir comme une menace, ce sont des individus qui fuient toute forme de rejet,
- "l'ambivalent" qui va demander des preuves incessantes pour être rassuré,
- "le désorganisé qui aura du mal à aimer du fait de ses réactions incontrôlables et des maltraitances subies durant sa petite enfance.
A cet égard, Boris Cyrulnik nous rappelle l'importance d'accorder du soin aux 100 premiers jours de la vie du tout-petit pour lui assurer le développement d'un attachement "secure" et un épanouissement amoureux futur. Ainsi, il est primordial de développer "des niches sensorielles et affectives" autour du tout-petit, l'équivalent "d'un village" fait de relations riches, diverses et complémentaires, ce qui le rendra plus fort en cas de future potentielle déception amoureuse.
Le mariage a de tout temps été un levier pour la construction de la société. Or, il est devenu délicat aujourd'hui pour bon nombre de jeunes de s'investir dans un amour durable et sur le long terme.
En effet, entre crise écologique, liens amoureux rendus immatures et éphémères du fait de l'émergence des multiples applications de rencontre, développement d'une société individualiste dans laquelle, prime d'abord le plaisir, c'est finalement l'amour qui a laissé sa place au sexe, et ce dernier en a perdu tout son sens, ce qui a conduit à un affadissement du désir.
Ainsi, comme nous le suggère dans son ouvrage, Boris Cyrulnik, il devient urgent aujourd'hui de réinventer une forme d'amour qui pourrait être une forme d'amour courtois, un amour qui en gagnant en valeur, serait toujours à conquérir, et ce, pour notre plus grand bonheur !